S’il fallait résumer la permaculture en un seul autre mot, « biomimétisme » serait le plus approprié. L’imitation de la nature constitue le noyau à partir duquel les fondateurs de cette démarche ont formulé ses principes. Il y a lieu d’utiliser le pluriel : les 2 initiateurs de la permaculture ont fourni une dizaine de principes, chacun.
La communauté Tagari, aux origines de la permaculture
À l’origine, les méthodes et valeurs de la permaculture ciblaient uniquement l’agriculture. L’idée de durabilité attendue en aval est traduite par le mot anglais « permanent ». Permaculture est la forme contractée de « permanent agriculture ». Vers la fin des années 70, la communauté Tagari applique différentes techniques et méthodes pour exploiter un terrain de 28 ha. L’autosuffisance acquise par la mise en pratique de conseils sur la permaculture convainc Bill Mollison, fondateur de ladite communauté, à les théoriser. Il énonce 10 principes permettant de concevoir des systèmes agricoles durables et résilients. Ceux-ci s’articulent autour d’une idée centrale : calquer la nature dans sa capacité d’autorégulation. David Holmgren, un disciple de Mollison, vient étayer ces premiers préceptes avec 12 autres. À partir des années 90, ces différents enseignements ne s’appliquent plus exclusivement à la sphère agricole. L’appellation plus affinée de « permanent culture » introduit l’idée de viabilité et de pérennité dans n’importe quel système qui recourt au design permaculturel.
La permaculture selon Bill Mollison en 10 principes
Bill Mollison formule comme premier principe de la permaculture de collaborer avec la nature. L’idée consiste à ne pas contrer ses fonctionnements existants, mais d’aller dans leur sens. Par exemple, les mauvaises herbes contribuent à assurer l’équilibre du biotope dans un jardin. Plutôt que de les combattre avec les désherbants, une approche permaculturelle les exploite comme adjuvants : paillages, engrais, etc. Ce premier exemple traduit l’idée véhiculée par le deuxième principe : « le problème est la solution ». Il consolide un autre précepte établissant que « chaque élément a plusieurs fonctions ». Inversement, une même fonction est soutenue par des éléments différents. Envisager la répercussion de la moindre action, maîtriser les flux d’énergie et l’agencement des différents éléments du système constitue d’autres recommandations émises par Mollison.
David Holmgren : la permaculture en 12 principes
Consolidant sur terrain les enseignements hérités de son disciple, David Holmgren formule à son tour 12 principes de la permaculture. Ils complètent ou affinent les énoncés de son prédécesseur. L’essayiste pose l’observation comme socle de sa conception permaculturelle. En d’autres termes, il s’agit de se poser d’abord, pour considérer attentivement les éléments en présence et d’agir seulement après. Holmgren souligne également l’importance du binôme autorégulation/rétroaction. Par ce biais, il consolide les considérations systémiques inséparables de la vision permaculturelle. Cet auteur formule plus clairement les recommandations de son prédécesseur en matière de maîtrise de l’énergie. Il préconise l’utilisation des ressources et services renouvelables, ainsi que leur valorisation. Il va plus loin en posant comme sixième principe de ne pas produire de déchets. Le gaspillage n’est donc pas admis en permaculture et les ressources doivent être gérées de manière prévoyante. Un de ses principes énonce d’ailleurs l’idée de collecte et de stockage de l’énergie.
Les principes de la permaculture à l’épreuve des réalités de terrain
La permaculture originelle se décline en 3 valeurs éthiques : soigner la terre, soigner les gens et assurer un partage équitable. Ses principes sont de plus en plus transposés à d’autres sphères de production. La fleur de la permaculture décline les principaux domaines dans lesquels il est possible d’initier un chantier d’application. Par exemple, le secteur de la construction intègre les enseignements de la permaculture en concevant des habitats à empreinte écologique minimale. Pour ce faire, la maîtrise d’œuvre implique des matériaux comme la paille ou la terre crue. Le choix des équipements obéit aux mêmes préceptes, avec l’autoconstruction de poêle de masse par exemple. Le design permaculturel se trouve encore derrière les projets cherchant à promouvoir les circuits d’échanges courts. Différentes communautés mettent en chantier des projets de permaculture sociale. L’éducation, le développement personnel, l’exercice du pouvoir, ou encore la gestion des conflits y sont revisités à la lumière des principes énoncés par les fondateurs. Dans le domaine de la santé, le design permaculturel dynamise l’intérêt porté à la réappropriation de la naissance et aux démarches d’accompagnement des sujets en fin de vie.